history is great [Zeki =D]

Une grisaille ainsi qu’un léger brouillard s’était installé au dehors et bientôt, une fine pluie se mit à tomber sur Midwich. Un vent frais faisait balancer l’herbe en un mouvement lent et régulier et les branches des arbres environnants craquaient en un sinistre son, menaçant ainsi de céder à tout moment. Les pas d’Amadeus crissaient sur le chemin de cailloux de son entré et parapluie en main, il se dirigeait vers le village. Le démon avait décidé de sortir de son énorme demeure, malgré le temps qui se gâtait au dehors, trouvant l’atmosphère lourde et beaucoup trop silencieuse à son goût dans sa villa. En effet, cela faisait une énorme différence lorsque ses enfants n’étaient pas là. Gremory et Astaroth avaient décidé d’aller faire une petite balade en forêt avec « maman » Romana. Amadeus ne s’en plaignait pas, bien au contraire. Il décida de couper à travers un champ, décidant que sa route allait s’en trouver écourter. Non pas que la pluie le dérangeait…en fait si, un peu, mais il avait surtout froid. En effet, le vent commençait à se faire plus imposant et plus glacial, sitôt qu’il commençait à hurler à travers les feuilles des arbres. Amadeus poussa un juron. La pluie se faisait battante et il avait l’impression que ce damné champ ne se terminerait jamais. Enfin, le démon arriva devant une longue et sinueuse route de terre, encadré par de grands arbres tordus par l’âge. C’était celle qui se rendait au village. Un sourie de satisfaction se ficha sur ses fines lèvres et malgré la boue qui rendait le chemin peu avenant, le démon enjamba l’herbe pour y poser pieds. La pluie lui fouettait le visage et il se maudit de ne pas avoir prit sa voiture. Romana ainsi que les enfants devaient avoir du plaisir, mais bon ce n’était pas son problème. Amadeus arriva dans le village et comme toujours, il eu l’impression de pénétrer dans une ville fantômes. Pratiquement tous les volets étaient tirés, rendant l’atmosphère de Midwich presque inhospitalière, mais le démon aimait cette atmosphère lugubre qui était si propre à ce village. Quelques rares courageux avaient osé affronter la pluie et lorsqu’Amadeus croisaient leur regard de ces orbes foncé et glacial, quelques-uns détournaient le regard aussitôt, légèrement inconfortable de n’y déceler qu’une sombre lueur. Déambulant sans grand but précis, le démon soupira, lasse de se morfondre ainsi dans la pluie battante.

Après quelques minutes, il s’arrêta devant le musée. La vieille bâtisse faisait peine à voire, mais pourtant, Amadeus était attiré par celle-ci. Il n’y avait jamais vraiment mis les pieds, jugeant que cet endroit n’était pas prioritaire pour lui puisqu’il ne voyait pas l’intérêt d’y entrer. Tout de même, il décida d’y remédier puisqu’aucune autre merveilleuse idée ne lui venait en tête. Le démon poussa la porte qui peinait à ouvrir et qui grinçait à en défoncer les tympans. Lorsqu’il la referma, elle provoqua de nouveau un vacarme épouvantable. Une voix aiguë et haut perché se fit entendre. C’était le vieil homme qui s’occupait du musée qui le saluait sous son nom humain. Amadeus se contenta de la saluer à son tour, mais avec un simple ébauche de sourire. Il ferma son parapluie et remarqua qu’il était trempé. Tant pis, le parquet du musé allait être mouillé par sa faute. Amadeus s’enfonça donc dans un couloir sombre, pourvus de quelques lampes murales qui projetaient leurs faibles lueurs sur les murs, éclairant ainsi des tableaux peu amène et à faire froid dans le dos. Amadeus les trouvaient plutôt intéressant. Parcourant de son regard avide les divers objets et tableaux qui se présentaient à lui, le démon ne remarqua pas une silhouette qui se profila au loin et qui marchait dans sa direction. Sans doute, un rare visiteur qui avait décidé d’occuper son temps au musée.

Zekiel avait décidé de passer l’après midi à se balader dans les sombres corridors de la société historique de Midwich. Il pleuvait, et il lui semblait donc approprié dans cette sombre bâtisse aux allures de prison. Le temps était déprimant, peut-être les peintures représentant les damnés jetés dans un lac de feu lui remonteraient-elles le moral. Elle pénétra dans le musée et se traîna les pieds jusque dans la salle principale, sombre, mal éclairée, mais si attirante pour une créature comme elle, amoureuse de la noirceur, du macabre. L’ange déchu se traîna les pieds jusque dans un coin de la galerie, tout au fond, afin de commencer une visite qu’elle effectuait à une fréquence hebdomadaire. Il n’y avait pas grand-chose à faire à Midwich, et elle aimait bien l’art. De plus, la plupart des œuvres exposées dans ce musée, sûrement parce qu’effectuée par des gens ayant vu les bizarreries de l’endroit, avaient une touche d’étrange, et semblaient à la créature immortelle personnelles et emplies de références que l’auteur était seul à comprendre. Zekiel se plaisait à tenter de les déchiffrer, et à tenter de comprendre l’état d’esprit de l’artiste.

-Un état dépressif, probablement, marmonna-t-elle pour elle-même.

Peut-être faisait-elle un peu de projection, toujours est-il que pour peindre ce qu’elle avait devant les yeux, il ne fallait pas être d’une humeur charmante. Cette évidence sautait au visage lorsque l’on s’attardait un instant sur la représentation de l’enfer qui présentait entre autre plusieurs damnés empalés vifs. Voilà qui est…imaginatif, pensa Zekiel, presque sarcastique. La ville avait sur les gens un effet destructeur, ainsi que sur certains anges, se dit Zekiel.

La femme fit quelque pas et s’arrêta devant une œuvre surréaliste qui lui plaisait beaucoup. Par contre, elle tentait toujours sans succès de savoir si son auteur abusait de substances illégales ou s’il avait naturellement le subconscient développé. Il avait signé son nom en rouge et plus bas, avait ajouté un minuscule C’est écrit en rouge parce que c’est percutant.

Zekiel rit tout bas, du rire grave et sans joie qui était le sien. Ces humains, quels drôles de personnages ils faisaient lorsqu’ils daignaient écouter leurs instincts et cessaient de se plier aux diktats de la société. Comme elle, au fond. Sauf qu’elle, elle avait été punie. Oh quelle injustice, cette interdiction de ce rebeller, de se comporter comme bon lui semblait. La colère la poussa à enfoncer ses ongles profondément dans ses paumes et elle tapa du pied pour exprimer la rage qui lui agrippait le cœur.

Puis elle entendit des pas résonner dans la galerie et se tourna dans leur direction. Un homme approchait, et il après quelques secondes elle put constater qu’il s’agissait d’Amadeus. Elle ne savait pas si elle devait en être heureuse ou contrariée.

-Amadeus, le salua-t-elle d’une voix neutre sans bouger de l’emplacement où elle se tenait.

Amadeus n’en serait pas offensé, elle le savait. C’était ainsi qu’elle se comportait toujours avec lui, détachée, sérieuse. Elle gardait les grandes démonstrations émotives pour une autre. La seule sur la terre, aux cieux et en enfer qui méritait son attention, selon l’ange déchu qui considérait que son attention était une chose qu’il fallait mériter sous condition de lourds efforts.

Toujours concentrer sur ses peintures qu’il n’avait jamais pris le temps de voir, il souriait d’amusement face à ces tableaux d’un humour remarquable, si on pouvait appeler cela ainsi, car un homme entrain de se faire déchiqueter par des volatiles n’en était pas vraiment, mais Amadeus était un cas à part. Les mains dans le dos, il continua sa visite avec un air de divertissement plutôt éloquent sur le visage. Décidément, cette visite n’était pas aussi ennuyante qu’il ne l’avait prévu. Il n’avait jamais pensé que les villageois de Midwich était d’aussi bon candidat pour l’asile, mais il en avait maintenant la preuve et tout cela par la faute de ses confrères démoniaques et de lui, mais ce n’est pas lui qui prendraient les habitants de Midwich en pitié au contraire, il trouvait liesse dans la souffrance des autres. Après tout, il était un démon bordel! C’est à cela qu’il servait, rendre les humains fous ou mauvais et il ne feignait naturellement pas à sa tâche. En effet, sous ses apparences douce et inoffensive, voir même naïve, il cachait une cruauté et une méchanceté sans borne. Il était aussi très égocentrique, mais ça on ne devait pas le lui rappeler si on tenait à notre vie.

Tout à coup, il sentit vibré son cellulaire et il soupira d’harassement. Il était peut-être merveilleux, mais on ne pouvait pas le laisser tranquille un peu? Avec réticence, il prit son cellulaire et regarda son afficheur. C’était Walter. Un sourire sadique se peignit sur son visage. Comme il adorait Walter, cette créature humaine qu’il avait réussi à détourner du bien avec brio et qui, grâce à ce geste, avait foutu en l’air la vie paisible de cette chère Zekiel, mais ça, il n’allait pas lui dire. Il tenait à sa peau tout de même et puis, se serait une situation bien fâcheuse que de devoir couper les ponts avec Zekiel….en fait, il s’en fichait d’elle, mais tout ce qu’il voulait, c’était de ne pas avoir mal puisqu’il savait pertinemment qu’elle pouvait le faire souffrir atrocement. Lopette? Non, juste prévenant. Il prit finalement l’appel en laissant un peu patienter son sous directeur, car emmerder les autres était son passe-temps favoris. D’une voix où un agacement probant suintait, il répondit à Walter. Celui-ci venait encore le faire chier avec cette histoire de commande. Il jura intérieurement face à la stupidité du moment de son sous chef et lui expliqua qu’il n’en avait rien à foutre, que c’était jour de congé pour lui et donc, que c’était à lui de trouver une solution. Le laissant sur une note bête, il ferma sèchement son cellulaire et se plongea à nouveau dans l’art étrange de ce musé.

Les secondes filèrent avant qu’Amadeus ne daigne remarquer qu’il n’était pas seul dans ce couloir. Il en fut légèrement agacé et se tourna donc vers celui ou celle qui venait briser cette solitude qui lui était rare depuis plusieurs jours. En effet, avec ses enfants et sa compagnie qui remplissait son horaire, il n’avait guère de temps pour lui. Un sourire anima à nouveau ses lèvres lorsqu’il reconnu Zekiel. Celle-ci tapa du pied et Amadeus vit la rage empourprer ses joues pâles. Il pouffa un peu de rire. La voir se laisser ainsi aller face à une émotion lui était toujours divertissant. Ah les femmes, elle ne savait guère se contrôler et Amadeus parlait par expérience personnel bien sûr. Le démon regarda à nouveau les peintures, attendant ainsi que Zekiel le remarque. Celle-ci finit par le saluer et il tourna la tête en sa direction.

-Bonjour Zekiel.

Il eu soudainement envie de l’énerver un peu, même si ce n’était pas nécessairement intelligent vu l’état dans lequel elle était, mais bon il allait avoir mal et après. C’était plus fort que lui, il devait absolument lui lancer une petite réplique chiante. Justement Walter avait appelé et il crut bon de lui en faire part. Il leva son cellulaire en direction du regard de Zekiel et avec un grand sourire lui dit :

-Justement, Walter a appelé et ça m’a fait penser à toi.

Zekiel se sentait ambivalente face à la situation. D’un côté, Amadeus était en quelque sorte son ami, et la solitude lui pesait. De l’autre, Amadeus était un imbécile et il la conduisait souvent à la violence physique. Elle avait oublié pourquoi elle le considérait son ami, finalement. Peut être était-ce en l’honneur des rares fois où ils se parlaient avec calme et franchise, sans rabaisser l’autre sans cesse. Rare était le mot juste. Mais une minuscule parcelle de l’affection qui restait dans le cœur flétri de Zekiel était consacrée à Amadeus, ce qui équivalait à beaucoup plus que celle vouée à ces idiots qu’elle fréquentait tout les jours. Eux n’avaient droit à rien, si ce n’était de la haine.

Évidemment, alors que Zekiel pensait, pour une fois, du bien de lui, Amadeus crut bon de tout gâcher avec une remarque désobligeante. Walter. Pourquoi devait-il lui rappeler Walter ? Il trouvait ça drôle, de retourner le couteau dans la plaie sans arrêt ? Une petite voix au fond de sa tête lui rappela que sur l’échelle du mal que Amadeus pouvait faire, les méchantes plaisanteries se trouvaient bien bas. Ah, vraiment ? Zekiel ordonna à cette petite parcelle de raison pacifique de bien vouloir se la fermer. Elle n’allait pas se calmer parce que ce qu’il y de doux et gentil en elle l’avait décidé. Cette partie représentait une minorité, après tout. Et puis, finalement, Amadeus tombait à point. Elle avait eu envie de se défouler, et bien maintenant elle le pouvait. L’amitié avait bien une utilité.

-Oh vraiment Amadeus ? C’est drôle, moi aussi j’ai pensé à toi. Tu voix cet homme en train de se faire empaler, fit-elle en désignant un personnage du tableau qu’elle contemplait un peu plus tôt, je trouve qu’il te ressemble un peu.

Son visage resta impassible et sans humour. Elle s’approcha avec lenteur et posa sa main sur la poitrine d’Amadeus. Égocentrique comme il était, il pensait probablement qu’elle voulait sentir ses muscles. Dégoûtant. Comme si elle pouvait avoir envie de lui. Ce qu’elle voulait, en fait, c’est qu’il ait mal. Elle lui envoya une bonne décharge de son pouvoir en direction du cœur.

-Oui, lorsque tu souffres, la ressemblance est encore plus frappante. J’aime te voir souffrir, ajouta-t-elle avec un sourire effrayant de vérité. J’espère que tu ne m’en voudras pas alors si…

Et puis elle augmenta la force de son pouvoir durant quelques secondes, puis s’arrêta. Elle laissa toutefois sa main en place, au cas où il aurait un commentaire à ajouter. Et il en aurait un, sans aucun doute. Parfais, elle avait encore un peu de colère à évacuer.